Marins, nous avons dédié nos vies aux océans et ce qui les concerne nous concerne. Nous avons évoqué l’accord de Paris sur le climat, la conférence des Nations Unis sur les Océans vient d’avoir à Nice en juin dernier. Voici les principaux enseignements de ce sommet
1. Gouvernance multilatérale & traité sur la haute mer (BBNJ)
Adoption à l’unanimité de la déclaration politique “Notre océan, notre avenir : unis pour une action urgente” , qui promeut une gouvernance multilatérale de l’océan. Ratification progressive du traite international BBNJ, avec désormais 55–51 pays signataires, à seulement 5–10 ratifications de son seuil d’entrée en vigueur (60). Il est attendu que le traité entre en vigueur dès janvier 2026.
2. Aires marines protégées (AMP)
Plusieurs pays ont annoncé des extensions, faisant passer la couverture mondiale d’environ 8,4 % à 10–12 % des océans. Objectif partagé : protéger 30 % des océans d’ici 2030, conformément au Cadre mondial biodiversité Kunming-Montréal. Toutefois, des ONG comme Greenpeace ou Bloom jugent les annonces limitées : notamment, la France a protégé uniquement 4 % de ses eaux par une interdiction de chalutage en fond.
3. Exploitation minière des grands fonds
Adoption d’un **moratoire élargi sur l’exploitation des grands fonds marins, avec 37 États signataires (contre 32 précédemment). Le nombre reste insuffisant pour une action effective, mais montre une volonté grandissante.
4. Pollution plastique & financement
Engagement de 96 pays pour un traité international sur la pollution plastique, visant à traiter l’ensemble du cycle de vie du plastique.
* Les engagements financiers annoncés (8,7 milliards €, public et privé, sur cinq ans) restent largement en deçà des besoins estimés (100–175 milliards $ par an)
5. Ce qui manque : énergies fossiles & faisabilité juridique
Silence sur la transition énergétique : ni abandon du gaz/pétrole, ni restriction des énergies fossiles offshore. ONG regrette ce « tabou », soulignant un écart avec les impératifs climatiques. La déclaration n’est pas juridiquement contraignante, ce qui limite son impact sans ratifications rapides et suivi rigoureux.
En résumé : un tournant diplomatique, à concrétiser
Les avancées concrètes :
– Renforcement notable du traité BBNJ (haute mer), entrée en vigueur possible dès 2026.
– Extension des AMP à 10–12 % des océans mondiaux, avec un objectif 30 % pour 2030.
– Moratoire élargi sur l’exploitation minière en haute mer.
– Engagements coordonnés contre la pollution plastique.
Les limites :
– Manque de ambitions sur les énergies fossiles.
– Financement très insuffisant.
– Absence de mécanismes contraignants, ce qui rend les déclarations volontaires dépendantes des actes politiques futurs.
Le véritable succès du Sommet dépend désormais de la rapide ratification du traité, des application concrète des Aires Protégées, du lancement d’une gouvernance juridiquement robuste, et d’un financement massif à la hauteur des enjeux.